Incurie
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Cette notion peut englober divers domaines de la vie quotidienne, tels que la santé corporelle, le logement, ou même les aspects psychologiques.
L’incurie peut se manifester à différents niveaux, allant de l’individu au niveau organisationnel, et peut avoir des conséquences significatives sur la santé, la sécurité, et le bien-être général. La reconnaissance précoce des signes de l’incurie est une priorité pour intervenir diligemment et mettre en place des solutions adaptées, que ce soit par des interventions sociales, médicales, ou psychologiques.
L’incurie, bien que souvent associée à des contextes individuels, peut également avoir des répercussions sociales plus larges, soulignant l’importance de la sensibilisation et de l’action collective pour prévenir et traiter ce phénomène.
L’incurie
Définition
L’incurie désigne un laisser-aller, une négligence, un manque d’application ou d’attention.
Le terme incurie peut être employé pour faire état du comportement d’une personne, d’un lieu, d’un fait commun, d’une situation, d’un système ou d’une organisation. Il couvre un ensemble important de comportements négligeant vis-à-vis de son hygiène personnel, de sa santé et de son environnement.
Le mot incurie est majoritairement utilisé pour qualifier la situation d’un habitat indigne, impropre à son utilisation, on parlera d’incurie dans l’habitat.
Associé au comportement d’une personne : le mot incurie définit l’incapacité d’une personne de s’occuper de ses propres besoins ou de son hygiène. Ce phénomène d’auto-négligence peut se manifester de différente manière : malnutrition, mauvaise hygiène corporelle, absence de médication, manquement aux règles d’hygiène et de salubrité de l’habitation. L’incurie est définie par le docteur Jean Furtos comme « l’abandon de soi, le désinvestissement de soi-même ».
Associé à l’habitation : le terme incurie désigne une négligence ou une absence de l’entretien d’un logement. Une situation d’incurie dans un logement dénote un environnement dégradé rendant l’habitat indigne et impropre à des fins d’habitation. L’incurie dans l’habitat se caractérise par un manquement aux critères de décences définies par le décret n°2002-120 du 30 janvier 2002 et un manquement aux règles d’hygiène et de salubrité définie dans le Code de la Santé Publique (articles L 1331-26 et suivants).
L’autonégligence extrême d’une personne associée à l’incurie de son habitat peuvent révéler des troubles liés à la syllogomanie (accumulation compulsive de biens), au Syndrome de Diogène (incurie corporelle et incurie dans l’habitat) ou au Syndrome de Noé.
L’incurie désigne essentiellement le fait pour une personne donnée d’apporter trop peu de soins à ce qui la concerne. Elle est à rapprocher d’un certain abandon de soi, du soin porté à soi. Elle peut concerner l’état de la personne elle-même (son apparence, sa propreté et son hygiène, d’éventuels soins médicaux nécessaires au maintien de sa santé), mais aussi son environnement, et en particulier son habitat.
Nicolas Meryglod, Psychiatre
Une situation d’incurie peut se caractériser par un refus ou une incapacité à répondre aux besoins fondamentaux tels qu’ils sont acceptés par la société, le refus de se faire aider ou de contacter un médecin, une accumulation excessive d’objets inutiles et de détritus, une occupation inadéquate du logement ou une surpopulation d’animaux.
Répondre aux situations d’incurie pose de nombreux défis. L’auto-négligence de soi ou de son environnement chez les personnes vulnérables n’est souvent pas une simple préférence personnelle. Cependant, il peut être associé à un ensemble de comportements en relation avec une incapacité à accomplir les activités de la vie quotidienne, un problème psychologique, une maladie mentale ou une volonté de mettre fin à ses jours.
Par conséquent, les cas d’incurie doivent être considérés comme des alertes à des problèmes sous-jacents potentiellement graves nécessitant une évaluation et une prise en charge par la mise en place de solutions adhoc.
L’incurie corporelle
L’incurie corporelle, caractérisée par des négligences dans la prise en charge de la santé personnelle, se dévoile à travers plusieurs manifestations aux conséquences significatives. D’abord, elle se traduit par une hygiène personnelle délaissée, marquée par un manque de soins réguliers, et par des retards ou omissions dans la recherche de soins médicaux, exposant ainsi à des risques pour la santé.
Les facteurs contribuant à l’incurie corporelle sont divers. Au niveau individuel, le manque de connaissances en santé et les barrières psychologiques à l’autosoin, telle que la dépression, influent sur des choix de vie néfastes. Sur le plan social, des conditions de vie précaires et un accès limité aux soins de santé amplifient cette réalité préoccupante.
Les conséquences de l’incurie corporelle sont profondes. Individuellement, elle peut engendrer des complications évitables, détériorant la qualité de vie. Socialement, elle représente une charge pour le système de santé et exerce une influence sur les relations personnelles.
Prévenir l’incurie corporelle requiert des interventions éducatives, un accès amélioré aux soins médicaux et une sensibilisation à l’importance des soins personnels. Des études de cas et des témoignages concrets soulignent l’impératif d’une approche holistique, tant au niveau individuel que collectif, pour atténuer les conséquences de l’incurie corporelle et promouvoir le bien-être global.
L’incurie du logement
L’incurie du logement, caractérisée par des négligences dans l’entretien et la sécurité des habitations, entraîne des conséquences profondes pour les individus et la société dans son ensemble.
Les manifestations de l’incurie du logement
Les signes d’incurie du logement se manifestent à travers des conditions de vie précaires, marquées par l’insalubrité et un manque d’entretien. Les logements négligés présentent des risques structurels, exposant les occupants à des dangers potentiels. L’absence de mesures de sécurité, telles que des équipements anti-incendie défaillants, contribue à accroître le risque de blessures et de dommages.
Les conséquences de l’incurie du logement
Les conséquences de l’incurie du logement sont variées et touchent autant la santé physique que le bien-être psychologique. La présence d’insalubrité favorise le développement de maladies, allant des infections aux problèmes respiratoires. Les risques de blessures liés à des conditions dangereuses aggravent encore le tableau. Sur le plan psychologique, les habitants vivant dans des conditions précaires font face à un stress accru et à une détérioration de leur qualité de vie.
Les responsabilités et réglementations
Les responsabilités en matière d’incurie du logement reposent sur plusieurs acteurs. Les propriétaires ont le devoir de maintenir des conditions de vie sûres et saines. Les autorités publiques ont la responsabilité de mettre en place des réglementations strictes pour garantir des standards de logement acceptables. Les réglementations comprennent des normes de sécurité et de salubrité que les propriétaires doivent respecter. Cependant, l’efficacité de ces réglementations dépend souvent de leur application et de l’existence de mécanismes d’inspection rigoureux.
L’incurie du logement n’est pas seulement un problème esthétique ; c’est une question de santé publique et de justice sociale. Les efforts pour prévenir l’incurie du logement doivent inclure une sensibilisation accrue à l’importance d’un logement sain, des programmes d’aide au logement pour les populations vulnérables et une mise en œuvre rigoureuse des réglementations existantes. En améliorant les conditions de logement, nous pouvons contribuer à la santé et au bien-être général de la société.
Quelles sont les personnes prédisposées à une situation d’incurie ?
L’incurie se manifeste généralement chez les personnes âgées par un refus ou une incapacité à se procurer de la nourriture, de l’eau, des vêtements, un abri, une hygiène personnelle adéquate, des médicaments (lorsqu’ils sont indiqués) et des mesures de sécurité.
Les personnes vulnérables à une situation d’incurie sont susceptibles de présenter les facteurs de risques suivants :
- âge avancé
- personne vivant seul ou faisant l’objet d’un isolement social (famille, amis, voisins)
- malnutrition ou apport nutritionnel faible souvent limité au même type d’aliment
- problème psychologique, traumatisme lié à un événement stressant de la vie
- abus d’alcool ou de drogues
- antécédents de mauvaise hygiène personnelle ou mauvaises conditions de vie
- dysfonctionnement physique ou incapacité(s) fonctionnelle(s)
- dysfonctionnement cognitif, déclin cognitif ou maladie mentale
- conditions de vie détériorée
- problèmes financiers
L’inversion de la pyramide des âges en France va probablement augmenter le taux d’incidence avec une augmentation de la population âgée. De plus, la pandémie de COVID-19, les confinements successifs et la peur ont exacerbé les problèmes d’incurie dans les populations âgées : adultes vieillissants et patients gériatriques vivant seuls.
Quels sont les signes à rechercher dans le cas d’une situation d’incurie ?
L’état d’incurie est lié à un ensemble de comportements spécifiques. Les personnes vulnérables n’arrivent pas (a) s’engager dans des actes d’auto-soins qui permettent de vivre de manière indépendante, (b) de prendre des mesures pour prévenir les conditions ou les situations qui nuisent à la santé et à la sécurité de soi-même ou d’autrui.
Les signes qui permettent d’évaluer si une personne ou un habitat résultent d’une situation d’incurie sont nombreux.
Signes d’alerte d’incurie chez une personne :
- Abandon de soi
Les individus touchés par l’incurie présentent souvent une négligence marquée, caractérisée par un manque d’hygiène corporelle, une absence de prise en charge de leur santé, ainsi que des addictions non traitées. - Auto exclusion
Les personnes auto-affligées par l’incurie manifestent fréquemment une tendance à l’exclusion, refusant les aides et les soutiens disponibles. Elles adoptent des attitudes de repli, de fuite et d’évitement des relations, ce qui se traduit par une participation sociale limitée, voire inexistante. - Incapacité physique
Les patients incuriques peuvent présenter des incapacités physiques telles que des fractures de la hanche ou des accidents vasculaires. - Altération des capacités
Les individus atteints d’incurie présentent une altération de leurs capacités, se traduisant par une incapacité à diriger leurs propres affaires financières, tout en excluant la possibilité de faire des choix liés à leur mode de vie.
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Signes d’alerte d’incurie sur le bâtiment :
- problèmes structurels (fissures, infiltrations, affaissements)
- dégradations extérieures (peintures écaillées, mousses, moisissures, négligence du jardin)
- intégrité sécuritaire menacée (absence détecteurs fumée, fils électriques dénudés, escalier instable)
- fonctionnement du chauffage dégradé ou hors service
- circuit d’eau hors d’usage ou défectueux
- systèmes d’éclairage non fonctionnels
Signes d’alerte d’incurie dans l’habitation :
- absence d’entretien régulier visible
- certaines pièces plus accessibles (encombrement, dégradations…)
- mobilier ou équipement (toilettes, lavabos…) abîmés et/ou cassés et/ou absents
- présence de nuisible (rats, blattes, punaises de lit…)
Signes d’alerte sur le mode d’occupation du logement :
- accumulation massive d’objets, de déchets inertes ou putrescibles
- non-usage manifeste de l’eau ou de l’électricité
- volets et fenêtres continuellement fermés
- nuisances sonores ou olfactives importantes
- absence d’utilisation des sanitaires, du réfrigérateur, machine à laver le linge…
- présence d’animaux domestiques en surnombre, avec défaut de soin, voire maltraitance
L’incurie est-elle une maladie ?
Qu’est-ce qu’une maladie ? Une maladie se caractérise par des causes, des symptômes, une évolution et un traitement médical spécifique.
A proprement parlé, l’incurie n’est pas une maladie.
On suppose souvent que les comportements d’autonégligence indiquent un problème de santé mentale, mais aucune corrélation directe n’existe.
Les causes de l’incurie peuvent être liées à un changement de vie traumatique, à une dépendance, à une diminution de la motivation en rapport avec les effets secondaires d’un médicament, un trouble obsessionnel-compulsif, une lésion cérébrale ou une démence…
Aussi, l’auto-négligence ou la négligence extrême de son environnement doit être associée à un syndrome distinct avec un certain nombre de symptômes pouvant faire l’objet d’un diagnostic de maladies sous-jacentes : le trouble obsessionnel compulsif, la schizophrénie, la paranoïa, les troubles mentaux organiques et l’abus d’alcool…
Toutefois, l’incurie n’est pas systématiquement causée par une maladie mentale ou une démence. L’incurie peut être bénigne et être causée par un manque de sommeil, un manque d’activité physique, une diminution de la force de préhension, une marche lente, une souffrance psychique…
L’incurie peut être non intentionnelle, résultant d’un problème de santé sous-jacent ou intentionnelle, résultant d’un choix délibéré.
Pour permettre une meilleure analyse, du degré de gravité de l’incurie, deux types d’auto-négligence ont été identifiées :
1) l’incurie intentionnelle ou active concerne les personnes qui ont fait le choix conscient de se négliger
2) l’incurie non intentionnelle ou passive concerne les personnes pouvant être sujettes à un problème de santé
3) le syndrome de Diogène concerne les personnes qui font l’objet de la pire forme d’auto-négligence
Ainsi, l’incurie doit être considérée comme un symptôme, qui, d’après le Docteur Jean Frutos, s’inscrit dans un syndrome global appelé « syndrome d’auto-exclusion ».
Le syndrome d’autoexclusion correspond, selon lui, à un ensemble cohérent de symptômes psychiques, psychosomatiques, somatiques et comportementaux.
Le syndrome d’autoexclusion peut alors être identifié, à partir de plusieurs signes : inhibition des émotions, auto-anesthésie partielle du corps, trouble du comportement parfois violents pouvant être déclenché par l’alcool ou des drogues, rupture des liens avec la famille, les proches, les aidants, disparition du sentiment de honte, mode de pensée ou d’action qui va à l’encontre de ce qui pourrait être attendu, formes d’errances, refus d’accès aux soins.
Enfin, il est important de distinguer la négligence de soi et l’accumulation compulsive d’objets, car ces troubles n’apparaissent pas toujours ensemble et l’une ne cause pas nécessairement l’autre.
Incurie Psychologique et Souffrance Psychique
L’incurie psychologique, bien que moins tangible que ses manifestations physiques, représente un aspect prédominant de la négligence de soi. Cette dimension de l’incurie englobe des comportements et des attitudes qui contribuent à la souffrance psychique et à la détérioration du bien-être mental.
Les signes d’incurie psychologique peuvent inclure un manque d’attention portée à sa propre santé mentale, des comportements d’autodestruction, et une incapacité à reconnaître ou à traiter des problèmes émotionnels. Cela peut se manifester par un isolement social, une négligence des relations interpersonnelles et une attitude de repli émotionnel. La personne atteinte peut adopter des habitudes d’évitement des responsabilités émotionnelles, conduisant à une spirale de dégradation du bien-être psychologique.
La souffrance psychique qui découle de l’incurie psychologique est souvent complexe, englobant des sentiments tels que la tristesse, l’anxiété et la perte d’estime de soi. Le manque d’auto-compassion et de prise en charge de sa santé mentale peut également contribuer à des problèmes plus graves tels que la dépression ou les troubles anxieux.
La société joue un rôle crucial dans la compréhension et la gestion de l’incurie psychologique. Sensibiliser à l’importance de la santé mentale, déstigmatiser les troubles émotionnels, et fournir des ressources accessibles sont des éléments essentiels pour aborder ce problème. Des programmes éducatifs visant à renforcer la résilience émotionnelle et à promouvoir l’auto-soin peuvent contribuer à prévenir l’incurie psychologique.
L’incurie psychologique constitue une menace silencieuse pour le bien-être mental. La reconnaissance précoce des signes, la sensibilisation communautaire et les interventions visant à renforcer la santé émotionnelle sont des aspects clés de la lutte contre ce syndrome, permettant ainsi de promouvoir une société plus attentive et résiliente sur le plan psychologique.
Incurie psychiatrique, maladie psychique ou maladie mentale
La compréhension des termes liés à l’incurie psychiatrique est essentielle pour démystifier les nuances entourant les troubles mentaux. L’incurie psychiatrique, bien que liée à la négligence de la santé mentale, diffère des maladies psychiques et mentales.
- Incurie Psychiatrique
Ce terme se réfère à la négligence ou au manque d’attention envers sa propre santé mentale, souvent manifestée par des comportements d’évitement des soins psychiatriques ou des signes de détresse émotionnelle non traités. Il met en lumière les aspects comportementaux liés à la gestion de la santé mentale. - Maladie Psychique
Ce concept englobe les troubles psychiatriques diagnostiqués cliniquement, tels que la dépression, l’anxiété, la schizophrénie, etc. Ces conditions affectent la pensée, les émotions, le comportement et interfèrent habituellment avec la capacité quotidienne de fonctionner. La maladie psychique est diagnostiquée par des professionnels de la santé mentale et nécessite dans la plupart des cas un traitement spécifique. - Maladie Mentale
Ce terme est fréquemment utilisé de manière plus générale pour décrire des altérations de la santé mentale, qu’elles soient diagnostiquées ou non. Il englobe un large éventail de conditions, de la détresse émotionnelle temporaire aux troubles mentaux graves, et met l’accent sur les aspects globaux de la santé mentale.
L’incurie psychiatrique liée à des troubles mentaux s’accompagne généralement d’une souffrance psychique intense et invalidante. Les maladies psychiatriques recouvrent plusieurs formes de maladies mentales : les névroses et les psychoses.
Lorsque que le patient à conscience de ses symptômes, les maladies mentales sont appelées névroses. Il peut s’agir de troubles de l’humeur (état dépressif), de troubles anxieux ou névrotiques (angoisse, TOC, phobies, addictions, syndrome de stress post-traumatique…).
Lorsque le patient n’a pas conscience de ses symptômes, les maladies mentales sont appelées psychoses. Il peut alors s’agir de troubles psychotiques (délire, troubles du cours de la pensée, hallucinations…) tel que la schizophrénie, la paranoïa, la bipolarité ou de troubles mentaux organiques appelés maladies neurologiques.
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Interactions entre incurie et dépression
L’incurie peut aussi être causée par des problèmes de santé mentale tels que la dépression.
L’incurie est un état de paresse ou de désintérêt. La dépression est un état de mauvaise humeur et d’apathie.
La dépression
La dépression est un trouble du comportement qui affecte des millions de personnes dans le monde et peut se manifester par des symptômes tels que la tristesse, la perte d’intérêt pour les activités professionnelles, sociales et familiales, une fatigue importante, une diminution de l’énergie et de la motivation, des troubles du sommeil, de l’appétit et de la concentration et parfois même des pensées suicidaires. La solitude, des événements difficiles ou traumatisants (problèmes financiers ou professionnels), le surmenage et les mauvaises habitudes de vie (tabagisme, alcoolisme, faible activité physique, une surconsommation d’émissions, de films ou séries TV etc.) peuvent favoriser une dépression.
Incurie comme symptôme de la dépression
Dans de nombreux cas, l’incurie peut émerger comme un symptôme de la dépression. Les personnes atteintes de dépression peuvent ressentir une perte d’intérêt général pour leur propre bien-être, conduisant à la négligence des soins personnels, à une mauvaise alimentation, et à un manque d’activité physique. Cette incurie physique peut à son tour intensifier les sentiments dépressifs, créant un cercle de détérioration continue.
Dépression et incurie psychologique
La dépression, en plus de ses manifestations physiques, peut également entrainer une incurie psychologique. Les individus déprimés peuvent éprouver un manque d’énergie émotionnelle pour s’occuper de leur santé mentale, évitant souvent la recherche d’aide professionnelle ou la participation à des activités bénéfiques pour leur bien-être psychologique.
Cercle vicieux de la dépression et de l’incurie
La dépression et l’incurie peuvent former un cercle vicieux difficile à rompre. L’incurie peut contribuer à l’aggravation de la dépression en compromettant la qualité de vie et en entravant la capacité à entreprendre des actions positives. En retour, la dépression peut intensifier l’incurie en détruisant la motivation et les perspectives personnelles.
Approches de prise en charge
La prise en charge de l’incurie associée à la dépression nécessite une approche globale. Un traitement efficace de la dépression, comprenant la thérapie cognitivo-comportementale, la médication lorsque nécessaire, et le soutien social, peut aider à atténuer l’incurie en traitant les racines psychologiques du problème.
L’incurie et la dépression sont intrinsèquement liées, formant un cycle potentiellement débilitant. La compréhension de cette relation complexe est nécessaire pour guider des interventions efficaces visant à briser ce cercle vicieux et à restaurer la santé mentale générale.
Incurie et schizophrénie
La schizophrénie est un trouble mental qui touche environ 1% de la population mondiale. Elle se caractérise par des symptômes tels que des délires, des hallucinations visuelles, auditives, gustatives, olfactives ou cénesthésiques (sensation de courant électrique), des troubles du langage, des troubles de la pensée et du comportement. Les personnes atteintes de schizophrénie peinent à distinguer la réalité de leur propre perception, ce qui peut entraîner des problèmes d’adaptation sociale et professionnelle, un retrait social et des difficultés cognitives.
La schizophrénie, en raison de ses symptômes complexes, peut contribuer à la manifestation d’une situation d’incurie chez les individus affectés. Les troubles cognitifs, tels que des difficultés à distinguer la réalité de la perception individuelle, peuvent entraîner des défis significatifs dans la gestion quotidienne. Les délires et les hallucinations peuvent également perturber le fonctionnement normal, affectant la capacité à maintenir des routines de soins personnels.
Les personnes atteintes de schizophrénie peuvent éprouver des difficultés à s’adapter socialement et professionnellement, entraînant parfois un retrait social et des troubles du comportement. Ces difficultés d’adaptation peuvent conduire à une négligence accrue de soi, contribuant ainsi à une situation d’incurie.
Il n’existe pas de preuves établies ou d’études spécifiques démontrant que l’incurie en soi peut conduire au développement de la schizophrénie. La schizophrénie a une origine complexe et multifactorielle, impliquant des facteurs génétiques, neurobiologiques et environnementaux. Les facteurs de risque de la schizophrénie comprennent des antécédents familiaux de la maladie, des expériences traumatisantes, des problèmes liés au développement du cerveau, entre autres.
L’incurie, comme comportement d’auto-négligence, peut être associée à divers troubles mentaux ou à des problèmes de santé mentale, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elle conduit à la schizophrénie. Si une personne présente des signes de négligence personnelle grave, il est crucial qu’elle consulte un professionnel de la santé mentale pour un diagnostic approprié et une prise en charge adéquate.
Comment traiter l’incurie ? Comment aider ?
L’évaluation et la gestion de l’incurie peuvent représenter un défi pour les travailleurs sociaux, les inspecteurs de la salubrité, le corps médical, les services de Mairie, du département et, le cas échéant, les services judiciaires. Il existe un manque de clarté et de consensus quant aux critères de l’incurie et à l’existence du syndrome de Diogène en tant qu’entité distincte. L’évaluation et la gestion de ces conditions nécessitent une compréhension de la définition première de ce qui constitue l’incurie.
Toutefois, de nombreux acteurs participent au dispositif mis en place pour soutenir les personnes en incurie et les acteurs locaux, dans un objectif de réduction des risques et de prévention de la récidive.
Le dispositif incurie doit permettre une mise en œuvre des actions à partir de l’Agence Régionale de Santé, des élus, services préfectoraux et municipaux (hygiène, police, technique, etc.), des services sociaux (CG et CCAS) et hospitaliers, des hôpitaux et Centres Médico-Psychologiques, des organismes de protections des majeurs ou de l’enfance, de la médecine de ville et des services médicaux ou paramédicaux, de la Direction Départementale des territoires, des entreprises ou services spécialisés de débarrassage, nettoyage, désinfection, des familles ou des proches, et le cas échéant des bailleurs.
Signalement d’une situation d’incurie
Le signalement d’une personne en situation d’incurie peut provenir de plusieurs sources : des proches (familles ou amis), des voisins, des bailleurs, des services d’intervention à domicile, des organismes de tutelles, des services de secours ou des médecins généralistes.
En général, les personnes en situation d’incurie sont portées à l’attention des services sociaux lorsque les aidants naturels (famille, proches, amis) ou voisins ne peuvent plus tolérer l’état de vie de la personne sujette à une autonégligence extrême et/ou lorsque que la situation parait alarmante ou décourageante.
La plupart du temps, ces personnes refusent de recevoir des soins médicaux, de faire le ménage ou de quitter leur domicile.
Plus une personne va mal psychiquement, moins elle est en mesure de demander de l’aide, que ce soit sur le plan social, médical ou psychique.
Jean Furtos, Psychiatre
Le signalement peut être effectué auprès des services sociaux de la mairie ou auprès du Centre médico-psychologique (CMP) du lieu de domicile. Dans le cas d’une urgence, le signalement peut aussi être effectué auprès de la police, de la gendarmerie ou des pompiers.
Accompagnement social
Dans un premier temps, il convient de mettre en œuvre un accompagnement social.
En fonction de la situation de la personne, de nombreux services sociaux sont à votre disposition dans différentes structures : les centres communaux d’action sociale (CCAS), les circonscriptions d’action sociale des conseils généraux, les hôpitaux, les organismes de Sécurité sociale, Caisse d’Allocations familiales (CAF), les Centre d’information et de coordination (Clic), le pôle 3ᵉ âge du Comité local d’action social (Clas), les associations et les institutions sociales et médico-sociales.
Les travailleurs sociaux de ces structures aspireront à :
- effectuer une visite à domicile
- évaluer la situation et de faire un diagnostic
- mettre en réseau les différents acteurs médico-sociaux
- trouver le cas échéant des compensations durables ou passagères (aides financières pour la prise en charge des travaux de nettoyage, réparation, rangement ou l’ouverture ou réouverture des droits sociaux)
- quand cela est possible, mettre en place un maintien à domicile
- prévenir et anticiper la survenue d’un nouveau risque afin d’éviter la récidive.
Accompagnement psychologique
L’accompagnement psychologique pour l’incurie peut prendre différentes formes selon les besoins et les symptômes du patient.
Les interventions peuvent inclure la thérapie individuelle ou familiale, la médication, la thérapie de groupe ou d’autres approches spécialisées.
Dans certains cas, un programme de réadaptation peut être nécessaire pour aider les patients à regagner leur indépendance et leur fonctionnement normal. Les professionnels de la santé mentale utilisent souvent une variété de techniques pour aider les patients souffrants d’incurie, notamment la thérapie cognitivo-comportementale, la thérapie dialectique comportementale et l’EMDR.
L’objectif de l’accompagnement psychologique est de fournir une assistance émotionnelle et comportementale rapide ainsi qu’un soutien durable pour aider les patients à surmonter les symptômes de l’incurie.
Accompagnement médical
En tout état de cause, il convient de consulter un médecin généraliste qui pourra diagnostiquer la cause de l’incurie et les symptômes pouvant être inhérents à une maladie sous-jacente.
S’il s’agit d’une cause psychiatrique (psychoses, troubles obsessionnels compulsifs), votre médecin généraliste vous conseillera de consulter un psychiatre, si une cause neurologique est suspectée (démence, syndrome de Korsakoff, tumeurs), il vous conseillera de consulter un neurologue.
Sources
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